págª mantenida por
Lorenzo Peña
Bagdad: tribuna para defender al pueblo de Mesopotamia
Les Etats-Unis ont été le premier pays de l'ONU à obtenir dans la
nuit de dimanche à lundi la déclaration de Bagdad sur ses programmes d'armes
nucléaires, biologiques et chimiques, dont ils ont remis ensuite une copie lundi
soir à la France et la Grande-Bretagne.
Le porte-parole du département
d'Etat, Richard Boucher, a expliqué cette primauté - le texte et les disques
d'ordinateurs qui l'accompagnent pourraient receler la clé de la guerre ou de la
paix en Irak - par le fait que Washington avait la capacité technique d'en faire
des tirages rapides en toute sécurité.
«Ce n'est pas exactement comme
cela que je présenterais ce qui s'est passé», a commenté, sous le couvert de
l'anonymat, un diplomate d'un pays membre du Conseil de sécurité. «Il n'y a pas
qu'eux qui savent se servir d'une photocopieuse», a raillé un autre
diplomate.
«Aujourd'hui, il n'y a que les Américains, et dans une
certaine mesure les Britanniques, qui sont satisfaits du fait que Washington a
mis en premier la main sur la seule copie intégrale du document», a constaté un
troisième. «Le ressentiment devant la manière dont ils ont procédé est élevé»,
a-t-il ajouté.
Quelque 18 heures après avoir obtenu les 12.000 pages de
la déclaration irakienne, remises par les services du chef des inspecteurs en
désarmement de l'ONU, Hans Blix, avec l'accord du président en exercice du
Conseil de sécurité, l'ambassadeur colombien Alfonso Valdivieso, les Américains
en ont distribué lundi soir des copies à la France et la
Grande-Bretagne.
«Il n'y a pas de difficultés franco-américaines. Ce sont
pour des raisons techniques et de sécurité que les copies ont été faites à
Washington», a assuré un diplomate français à l'ONU. «Les copies ont ainsi été
faites dans les délais les plus rapides et dans les conditions de sécurité
nécessaires», a-t-il dit.
Il n'a pas été possible lundi de savoir si les
deux autres membres permanents du Conseil de sécurité, la Chine et la Russie,
avaient également reçu une copie de la déclaration irakienne.
Mikhaïl
Wehbe, l'ambassadeur de Syrie, pays frontalier de l'Irak et seul Etat arabe à
occuper actuellement un fauteuil au Conseil de sécurité, a vivement protesté
contre la main mise américaine sur la déclaration irakienne.
«Le
président Alfonso Valdivieso ne pouvait pas prendre une telle décision sans le
consentement des autres membres», a-t-il dit. Visiblement furieux, il a ajouté à
des journalistes: «Cette décision est en contradiction avec toute la logique,
tous les principes du Conseil et va à l'encontre de son unité».
Interrogé
sur la primauté américaine pour obtenir la déclaration irakienne, le secrétaire
général de l'ONU Kofi Annan a répondu que «le Conseil était maître de ses
décisions» et que «ce qu'il décide est OK».
L'ambassadeur colombien a
annoncé d'autre part lundi que seuls les cinq membres permanents du Conseil de
sécurité auraient accès à l'intégralité de la déclaration irakienne. Cette
décision a fait l'effet d'un coup de théâtre à l'ONU, où elle a été critiquée
par des diplomates.
Vendredi, le même Alfonso Valdivieso avait en effet
affirmé qu'aucun pays membre du Conseil de sécurité, qui compte 15 pays, ne
recevrait avant les autres un exemplaire du texte irakien. Le président du
Conseil a expliqué son revirement par la volonté des cinq membres permanents
d'éviter que des informations pouvant permettre la fabrication d'armement de
destruction massive soient rendues publiques. Une version expurgée sera
disponible «probablement la semaine prochaine», a précisé l'ambassadeur
colombien.