Les anciennes relations d'affaires
entre George Bush junior et les pétroliers du Golfe
En déclarant la guerre aux circuits financiers du terrorisme, le président américain, George Bush, se lance dans un combat de longue haleine qui peut réserver des surprises et conduire, parfois, à s'interroger sur ses propres relations avec certains réseaux d'affaires du Moyen-Orient. Cet aspect de la lutte antiterroriste reste, à ce jour, anecdotique mais il n'en est pas moins symptomatique des rapports qui existent entre les dirigeants du golfe Persique et le lobby pétrolier américain, en particulier texan, auquel appartient la famille Bush. Plusieurs journaux américains s'en sont déjà fait l'écho au cours de ces dernières années, ainsi qu'un ouvrage sur le parcours de l'actuel président des Etats-Unis : George Bush junior comptait parmi ses amis un lobbyiste, James Bath, qui fut actionnaire de sa petite compagnie pétrolière et... rémunéré par l'un des frères d'Oussama Ben Laden. En 1992, le service fédéral antiblanchiment d'argent sale s'était penché sur les activités de M. Bath. Épaulé par le FBI américain, les douanes et les services fiscaux, il suspectait cet ancien pilote de l'armée de l'air de blanchir de l'argent pour le compte de plusieurs personnalités étrangères. Interrogé sur ses activités, l'intéressé avait alors reconnu travailler, notamment, pour le compte de quatre riches Saoudiens. Selon ses propres explications, il jouait, depuis le début des années 1980, le rôle d'homme de paille aux États-Unis pour ses clients, qui lui reversaient 5 % du montant des investissements ainsi réalisés. Parmi ces derniers figurait en particulier Salem Ben Laden, l'un des dix-sept frères de l'homme présenté comme le commanditaire des attentats de New York et de Washington. Les enquêteurs fédéraux avaient alors découvert les liens qui unissaient M. Bath et M. Bush, tous deux anciens membres de la garde nationale de l'air. M. Bath, qui était présent dans la promotion immobilière et dans la location-vente d'avion, avait investi, au début des années 1980, 50 000 dollars dans la compagnie pétrolière Arbusto de M. Bush. Cette société, créée en 1977, a bénéficié d'un parrainage prestigieux et d'une mise initiale de son oncle de 3 millions de dollars ainsi que de la présence de son père au poste de vice-président, et des supporteurs financiers appartenant au gratin du monde des affaires américain. Malgré ces soutiens, selon les experts, cette société n'a jamais démontré de savoir-faire particulier, sinon celui de perdre de l'argent au fil des années (70 millions de dollars entre 1979 et 1993). Les investigations n'ont cependant pas permis de faire de lien entre les 50 000 dollars apportés à Arbusto par M. Bath et les fonds qu'il gérait pour le compte de Salem Ben Laden, mort dans un accident d'avion en 1983. En revanche, les services fédéraux ont pu constater l'attention portée à la société de M. Bush par des intérêts saoudiens ou du golfe Persique. Dans leurs conclusions, ils indiquaient que les opérations de M. Bath relevaient d'une volonté d'influer sur les décisions politiques américaines, notamment par l'entremise du clan Bush. En 1991, la société de George Bush junior bénéficiait d'une aide de même nature de l'État pétrolier de Bahreïn décrite comme une opération de lobbying. George Bush senior était alors président des États-Unis.
Jacques Follorou
"Le Monde" du 26/9/2001