"Pourquoi nous?" demandent des villageois afghans KADAM (Afghanistan), 14 oct (AFP) - Une bombe américaine destinée à un camp d'entraînement du réseau Al-Qaida d'Oussama ben Laden a ravagé Kadam, hameau de pauvres paysans dans l'est de l'Afghanistan, tuant des familles entières et détruisant des dizaines de maisons, ont raconté dimanche les villageois.
Un groupe de journalistes internationaux, conduits dans ce village par les taliban, y ont constaté la dévastation et entendu les plaintes des survivants se demandant pourquoi ils ont dû subir les foudres américaines.
Des dizaines de maisons ne sont plus que des coquilles vides, sans toit, certaines sont complètement rasées.
Une bombe non-explosée gît au bord du village et l'odeur de chair pourrie plane sur les lieux.
Le village a été abandonné depuis le raid destructeur, tôt jeudi matin.
Mais les survivants sont revenus dimanche, vraisemblablement à l'instigation des taliban [sic], pour crier des slogans anti-américains et raconter leur calvaire. [jamais nien sûr ils n'auraient songé à être contre les Américains, s'ils n'avaient été instigués par les taliban]
Selon les villageois, le nombre de morts se situe entre 180 et 230 dans cet ensemble de maisons faites de briques de terre, et qui n'abritait sans doute pas plus de 400 personnes.
Rien ne permet de vérifier leurs dires et leurs chiffres. [les chiffres de l'armée américaine sont tellement plus fiables]
"180 personnes sont mortes ici. Pourquoi les Américains attaquent-ils des innocents? " demande Gul Ahmed.
Haji Naziz déclare : "J'ai perdu tous mes proches. Pourquoi ont-ils été tués? Quel est notre crime? "
Un autre villageois, Ziarat Jul, dit que le bilan est de plus de 230 morts.
Abdul Rasool, 40 ans, raconte que sa maison a été entièrement détruite. Sa femme et ses trois fils, Satik, 6 ans, Turial, 10 ans et Pardes, 15 ans, ont été tués.
Selon Rasool, il doit la vie au fait que comme chaque matin il se lève très tôt pour aller prier. Il était sur le chemin du retour de la mosquée quand la bombe a explosé.
"J'ai entendu un grand bruit, j'ai couru vers ma maison, mais je ne pouvais rien y faire. Tout était détruit", ajoute-t-il.
"Ma famille et mes animaux sont morts. Je n'ai plus rien. Pourquoi moi? ", lance-t-il aux journalistes étrangers.
Alam Gul, 18 ans, dit avoir perdu ses deux parents, quatre frères et deux soeurs.
Qudra Ula, 35 ans, habitant d'un village voisin, dit avoir retiré quinze corps des décombres des maisons effondrées et les avoir transportés pour qu'ils soient enterrés.
Le village de Kadam se trouve à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la ville de Jalalabad.
La région, suspectée d'avoir hébergé nombre de camps d'Oussama ben Laden, le millionnaire d'origine soudienne, a été régulièrement frappée depuis le début des bombardements américains le 7 octobre.
Mais les habitants de Kadam nient la présence de ces camps.
"Où est Oussama? montrez-le moi", s'exclame Gul Ahmed.
Les victimes de Kadam composent l'essentiel du bilan de 300 civils tués par les bombardements selon les taliban. Seuls une demi-douzaine d'entre eux ont été confirmés de source indépendante.
Le département de la Défense américain n'a fait aucun commentaire sur le bombardement de Kadam, mais a par contre confirmé qu'une bombe de près d'une tonne visant un hélicoptère militaire a touché samedi une zone résidentielle proche de l'aéroport de Kaboul.
Les plus pauvres de Kaboul n'ont aucun moyen d'échapper aux bombes KABOUL, 14 oct (AFP) - Les habitants les plus pauvres de Kaboul n'ont aucun moyen d'échapper aux bombardements américains qui ont de nouveau résonné dans la nuit de samedi à dimanche sur la capitale afghane déjà ravagée par la guerre.
"Croyez-moi, à chaque fois qu'il y a un raid, mes enfants se mettent à pleurer. La nuit dernière, moi aussi j'ai pleuré", a déclaré Mohammad Nabi, 41 ans, mécanicien dans le quartier de Qwaee Markaz de Kaboul.
"Lorsque des femmes et des enfants crient au milieu de la nuit, c'est déjà terrifiant en soi", a-t-il ajouté.
Alors que l'air de Kaboul vibre nuit et jour du grondement des avions américains en mission de bombardement ou de surveillance, les habitants les plus pauvres de la capitale afghane, contraints de rester chez eux faute d'argent pour prendre le chemin de l'exode, cherchent désespérément des abris.
Les commerçants ont transféré leurs stocks aux portes de la ville. "Nous avons peur que nos marchandises soient pillées en cas d'anarchie", a expliqué l'un d'eux.
Les chauffeurs de taxi parcourent les rues désertes de la ville à la recherche de clients. En vain.
"Aucune personne assez riche pour prendre un taxi n'est restée à Kaboul. J'ai circulé en ville toute la journée pour trouver un client mais c'est devenu très difficile", a assuré de son côté Mushtaba au volant de son vieux taxi.
"Seulement les gens qui circulent à pied ou en vélo, faute d'argent, sont restés en ville. Dans un mois, vous ne verrez plus personne dans cette ville. Ils seront morts ou partis", a ajouté Mushtaba.
Le Pentagone a reconnu samedi qu'une bombe de 900 kg avait dans la nuit manqué sa cible, un hélicoptère sur l'aéroport de Kaboul, et avait détruit par erreur une zone résidentielle distante de deux kilomètres, faisant quatre morts et des dizaines de sans-abri.
"Je ne sais pas s'ils vont éliminer les terroristes ou les créer. Nous ne sommes pas des terroristes, ils nous forcent à le devenir", a affirmé Nabi, autrefois instituteur.
"Il doit y avoir d'autres choix. Les bombardements ne sont pas la seule solution. Ils devraient envisager d'autres options", a-t-il souligné.
Les Etats-Unis, aidés par la Grande-Bretagne, ont entamé il y a une semaine des frappes aériennes contre l'Afghanistan pour contraindre les taliban au pouvoir à Kaboul à livrer Oussama ben Laden, suspect numéro un dans les attentats du 11 septembre à New York et Washington. Mais les taliban ont jusqu'à présent refusé de céder. [Le Mollah Omar devrait poser un ultimatum, livrez-nous le chef terroriste Bush... Là au moins les preuves de son implication dans les actes terroristes contre son pays ne sont pas suspectes]
Après une nouvelle nuit de bombardements, de nombreux habitants de Kaboul se sont déplacés dimanche d'un endroit à un autre de la ville, leurs maigres biens entassés dans des camions ou des charrettes à cheval.
"Nos proches vivent à Shari Naw (près de Kaboul). Nous allons les rejoindre pour être plus près d'eux", a expliqué Hekmatullah, 22 ans, tout en poussant devant lui une charrette transportant ses biens. "Nous vivions à Bi Bi Mahro (dans Kaboul) ... C'est la cinquième fois que je déménage entre ma maison et celle de mes cousins".
Au même moment, la défense anti-aérienne des taliban ouvrait le feu sur un avion américain tournant au-dessus de Kaboul en plein après-midi. Clairement visible, il a effectué deux ou trois tours au-dessus de la ville avant de disparaître derrière les montagnes avoisinantes.
Les habitants de la capitale se pressaient avant la nuit pour trouver un abri.